Je vais maintenant, à l’aide de photos, vous montrer les différentes étapes de la réalisation d’un tableau en émail sur cuivre. Vous constaterez que c’est un travail de planification et de résolution de problèmes qui demande parfois de la réflexion.
Tout d’abord, toute démarche artistique demande une certaine recherche accompagnée d’un coup de cœur. J’ai consulté les œuvres de certains artistes et j’ai eu le coup de foudre pour l’arbre de vie de Gustave Klimt. Cet arbre a été utilisé dans plusieurs œuvres de l’artiste. Il est magnifique et féérique. Je me suis donc inspirée de cet arbre car je pouvais voir la possibilité de le cloisonner. J’ai simplifié cet arbre car je m’en inspire, je ne cherche pas à le copier intégralement. Il faut d’abord en faire un croquis puis un dessin. Vu que mon dessin ne présentait que peu de branches, je me suis questionnée sur la composition. J’ai compris qu’il fallait remplir les espaces entre les branches. Je ne voulais pas répondre au stéréotype classique de l’arbre en y ajoutant des feuilles. Je ne voulais pas non plus y ajouter des oiseaux comme l’a fait Gustave. J’ai alors pensé aux poissons et la possibilité d’un tsunami. Dans le bas, j’ai pensé y dessiner des algues avec un certain mouvement. Voilà j’étais lancée.
Par la suite, j’ai émaillé une plaque de cuivre assez épaisse puisqu’elle est très grande (12 po x 10). Puis on commence à former le dessin à l’aide de fil d’argent. On plie le fil en suivant les courbes du dessin. On assemble tout les segments de fil sur la plaque à l’aide d’une gomme arabique qui se dissout lors des cuissons. Elle ne laisse aucune trace. Lorsque le fil est bien installé sur la plaque émaillée, on l’amalgame en cuisant le tout très rapidement. On peut débuter le travail de planification des couleurs.
Il faut comprendre que la planification d’une œuvre d’émail sur cuivre est importante car il faut maximiser le saupoudrage des couleurs pour minimiser la somme des cuissons. On sait que la plaque de cuivre peut tordre et se déformer si elle va trop souvent au four. En même temps il faut penser à notre fil qui peut disparaître si la plaque est trop longtemps laissée dans le four. Tout est question d’économie. Souvent on effectue des cuissons immatures: aspect givré sur la surface de l’émail.Les couleurs sont appliquées en pensant aux dégradés. Par exemple, le tronc de l’arbre peut contenir plusieurs couleurs qui se fondent l’une dans l’autre. On note toujours les couleurs utilisées sur le dessin car, parfois il faut revenir pour intensifier les couleurs car le saupoudrage n’est pas toujours parfait.
Puis vers la fin, on ajuste la lumière. Voilà la fameuse résolution de problème! Comment augmenter la luminosité, la chaleur et les contrastes pour rendre l’œuvre plus vivante. Vers la fin, je me demande toujours si j’ai intégré les couleurs primaires, si j’ai joué avec les couleurs complémentaires et si j’ai répondu à mon thème: le tsunami. C’est alors que mon professeur m’a expliqué que mon thème n’était pas suffisamment exploité. Elle m’a suggéré d’y ajouter une vague blanche. La vague créerait du mouvement et ajouterait de la luminosité du même coup. De plus, je voulais utiliser de la “frite” mais je savais qu’il faudrait attendre la dernière cuisson. La frite est un morceau de verre qui ressemble à une petite roche transparente. Lorsqu’on l’amalgame au four, elle fond légèrement et devient transparente. Mon professeur m’a dit que ça pourrait se faire maintenant qu’il y a une vague. C’est logique! Mais avant je devais régler le problème de la luminosité dans le haut de l’arbre. Saupoudrer du blanc sur les poissons leur a donné de la rondeur et de la lumière, mais le contraste était faible. C’est alors que je me suis dit, il faut saupoudrer le bout des branches avec du noir pour avoir un contraste avec le fond de l’œuvre. Pour équilibrer le fond j’ai saupoudré du jaune doré et cela a tout changé. J’étais très satisfaite de mon travail.
À la toute fin on signe l’émail sur cuivre, on ajoute de la frite et voilà le travail. Il ne reste plus qu’à aller voir l’encadreur.